Adolescents

L’adolescence est un passage, une période d’entre deux temps. L’adolescent n’est plus tout à fait un enfant ni pas tout à fait encore un adulte. Parfois c’est un vécu de rupture et de perte de repères qui caractérise l’adolescence. Des changements plus ou moins radicaux adviennent, sidérant souvent les parents, qui ne comprennent plus leur enfant devenu grand d’un coup.

L’adolescence est le pendant psychique de la puberté, le changement passe par le corps, de manière irrépressible, incontrôlable, impensable pour l’adolescent lui-même. Ce temps de grandes mutations interroge les relations avec les parents, les adultes, mais aussi les pairs. C’est un moment d’assignation sexuée et sexuelle, qui questionne la différence des sexes, ainsi que la différence des générations.
Un mal-être peut alors s’exprimer pas tant par les mots que par l’agir : l’agitation, la chute des résultats scolaires, l’opposition, le repli, l’agressivité, la consommation de drogues, l’isolement, la tristesse.

L’adolescent est aux prises avec de fortes interrogations souvent en attente d’être résolues, réalisables. C’est un état pénible, frustrant d’être assez intelligent, compétent, grand, psychiquement pour mieux comprendre le monde environnant et ne pas pouvoir tout de suite prendre son autonomie. L’attente est longue avant de se trouver, découvrir qui l’on est et qui l’on veut devenir. Cela demande de faire des choix, de parfois renoncer à la réalisation de projets longtemps rêvés. Grandir, c’est faire des choix d’option, d’orientation scolaire, professionnel, que l’on doit assumer progressivement. L’adolescent est pris entre l’autonomie, la plus grande responsabilisation attendue et l’envie de légèreté, l’envie de profiter de ses nouvelles capacités, compétences, libertés tant attendues.

L’examen de fin de cycle, les examens scolaires, de manière générale demandent habituellement beaucoup d’énergie, de concentration, suscitant du stress chez les étudiants, sauf qu’en juin 2020, il n’a pas été possible de passer ces rites de passage validant que sont les examens scolaires. L’insécurité, l’incertitude ont été vécu à différents niveaux.

Le confinement et la crise sanitaire

La situation sanitaire qui dure depuis mars 2020 et les confinements successifs à différents degrés, ont vraiment déstabilisé les adolescents, qui du jour au lendemain ont été, comme chacun, privés de sortie, de liberté, de leur espace de réalisation personnelle différencié des parents. L’injonction de « rester chez soi » posée par le gouvernement, les adultes pour se protéger d’un virus invisible, est rapidement devenue une situation paradoxale de cohabitation. Les jeunes devant se concentrer sur les devoirs, les cours à distance de chez eux – lieu de repos, d’intimité – dans un contexte où l’institution scolaire elle-même devait inventer de nouveaux moyens de communiquer, de continuer à faire cours, d’évaluer à distance des lieux d’exercice symbolique de sa fonction scolaire.

La confusion des lieux, des espaces et la privation de liberté ont été durement vécues par ces jeunes, dont la vitalité dépend de la capacité à être en lien, maintenir, enrichir des liens avec leurs pairs, au dehors de la famille d’origine. Bien sûr la plupart des jeunes sont experts en réseaux sociaux, mais cela ne remplace pas les relations tissées en groupe au collège-lycée, en sorties, en soirées…

Le rythme structurant imposé par les institutions scolaires n’existaient alors qu’au travers de cours virtuels auxquels les jeunes avaient le choix de se connecter ou pas, sans que les professeurs aient toujours les moyens, le temps de rattraper les élèves qui se sont découragés. Paradoxe d’un manque de liberté physique et d’une demande implicite de plus grande autonomie, liberté d’organisation auxquels ces jeunes n’ont pas été préparé.

Cette situation a touché et touche encore les enfants, les adolescents, les jeunes adultes et les familles dans leur ensemble, privés de leurs repères temporo-spatiaux habituels, de leurs relations sociales habituelles.

L’espace de consultation, suivi proposé ?

La consultation avec les adolescents permet de mettre des mots sur les maux, de faire du lien entre l’état d’avant, celui présent et celui en devenir. Il s’agit de s’interroger sur le chemin que veut emprunter chacun, selon quelles modalités, afin de trouver, recréer sa place au sein de la famille, du cercle amical.

Je peux recevoir le jeune et ses parents au premier entretien ou le jeune seul dés la première consultation et téléphoner à la famille, après une ou deux premières consultations, afin de préserver l’espace thérapeutique confidentiel du jeune concerné et reconnaitre son statut de jeune en voie de devenir adulte.

Un espace de parole avec un psychothérapeute permet de penser cet état particulier de devenir adolescent, grandir, à la lumière des préoccupations propres au jeune et sa famille.